vendredi 10 avril 2020

Message pascal de Mgr Marc Stenger

En ce Jeudi Saint, Monseigneur Marc Stenger souhaite délivrer un message pascal.

   En cette Pâques 2020, pas tout à fait comme les autres, nous pourrions porter une attention particulière à ce que rapporte Saint Jean dans l’Evangile du dimanche de la résurrection. Il n’y a nulle part de récit de la sortie de Jésus du tombeau – il n’y a pas eu de témoin. Mais l’évangéliste met au cœur de son propre récit la parabole des deux disciples qui, ayant appris que le tombeau de Jésus était vide et que son corps avait disparu, courent sur place pour voir ce qui s’est passé. Pierre était confiné avec les autres disciples. Il remâchait sa déception, sa culpabilité, sa peine. Et tous étaient enfermés par crainte des Juifs. Ils s’étaient repliés sur eux-mêmes et leur sécurité, en attendant des jours meilleurs.

Pâques, la parabole de la course des deux disciples. Devant l’incompréhensible, l’inattendu, l’insensé, annoncé par Marie de Magdala, ils se mettent en route, à toute vitesse, oubliant leur peur, tendus vers un inconnu qui leur échappe. Cet épisode a dans le contexte où nous sommes une résonance particulière. Devant nous il y a la perspective de sortir de l’épreuve du Covid-19. Mais la course dans laquelle nous sommes engagés pour le moment est surtout celle de nos « Pourquoi ? » et de nos « Comment ? ». Il ne faut pas qu’elle nous conduise à reprendre simplement nos vieilles habitudes bien rassurantes, mais qu’elle nous emmène vers du nouveau, du plus authentique, du plus fidèle à l’impératif évangélique de l’amour, vers une conversion à l’autre, à des comportements fondés sur la justice, la défense de la dignité humaine, le respect de « la maison commune ». La course de Pierre et de l’autre disciple, celui que Jésus aimait, a été bousculée à leur arrivée au tombeau. La pierre est bien roulée, mais il y a devant eux un obstacle beaucoup plus important, un mur bien plus épais que la pierre du tombeau. Ils ne comprennent pas ce qu’ils voient.

Ce qu’ils voient dans le tombeau, ce sont « des linges posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus …roulé à part, à sa place ». Mais ce tombeau vide est tout rempli de la présence de Jésus, non pas sur le mode du souvenir, mais comme de quelqu’un qui est là au milieu des vivants pour les entraîner sur un chemin de vie et d’espérance. C’est ce qu’avaient annoncé les Ecritures : « Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. »

Pâques ce n’est donc pas simplement un événement qui remet d’aplomb ce qui a été bouleversé. C’est la Résurrection du Christ, c’est une nouvelle naissance, un commencement, l’ouverture d’un chemin sur lequel Jésus a dit à ses disciples qu’il les attendait.

Et c’est dans ce moment de l’entrée dans le tombeau des deux disciples que va se jouer un renouvellement de fond en comble, une résurrection, celle de la foi. Leur réaction n’est pas la même. Entré dans le tombeau, Pierre note certaines choses, mais ne comprend pas. Il ne comprend pas que ce qui est en jeu n’est pas de retrouver ce qu’il a vécu jusque- là avec Jésus, mais d’entrer dans une autre histoire, une nouvelle histoire, celle que l’Esprit Saint lui dévoilera pleinement à la Pentecôte. De l’autre disciple, il est dit : « Il vit et il crut ». Il lit ce qu’il a vu dans l’Esprit Saint et c’est de cela qu’il est rendu compte, comme d’une expérience qui a la puissance de la foi.

Aujourd’hui nous mesurons chaque jour notre fragilité humaine devant une épidémie à laquelle il faut faire face, devant la mort qui ravage notre société, devant tant de souffrances, devant tant de violences. Mais ce dont témoigne la Résurrection du Christ, c’est qu’une brèche est ouverte à tout jamais dans le pouvoir dévastateur de la mort par l’obéissance de Jésus qui, en donnant sa vie sur la Croix, a consenti à la volonté de son Père que tous les hommes soient sauvés.

Il y a encore bien des victoires à remporter sur toutes les sortes d’aliénation humaine. Mais nous croyons que par le don total de sa vie le Christ l’a emporté définitivement sur tous les renoncements et tous les égoïsmes et qu’il nous a donné son Esprit qui nous pousse à prendre soin des vivants et de toute la création. C’est sur ce chemin là qu’il nous attend et nous accompagne. Pâques pour nous chrétiens c’est comme une course qui nous mène sur un nouveau chemin où la Foi triomphe sur la peur, la solidarité sur l’égoïsme, et la Vie sur la mort.

Grand passage à vivre avec le Christ ! Puisse dans notre actualité difficile l’Esprit Saint nous y aider.

+ Marc Stenger

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